Le maire écologiste Pierre Hurmic et le groupe Renouveau Bordeaux (centre-droit) relancent le débat sur le transfert de l’Opéra de Bordeaux vers la Métropole. Cette question, qui remonte à près de dix ans, a été de nouveau soulevée lors de la réunion du conseil municipal le 12 décembre. Anne Fahmy, membre du groupe Renouveau Bordeaux, a profité de la discussion sur le transfert de l’école des Beaux-Arts pour demander également celui de l’Opéra. Selon elle, l’Opéra de Bordeaux répond à tous les critères nécessaires pour être transféré à la Métropole : il possède un caractère unique, une importante capacité d’accueil (près de 2 500 places en combinant le Grand-Théâtre et l’Auditorium) et une renommée internationale. Actuellement, Bordeaux est la seule ville à avoir un Opéra national qui n’est pas soutenu par sa Métropole.
En réponse à cette demande, le maire Pierre Hurmic a déclaré que le transfert de l’Opéra vers la Métropole était une proposition pertinente et que des travaux étaient en cours sur cette question. Selon lui, l’Opéra devrait devenir un Établissement Public de Coopération Culturelle (EPCC), une structure juridique dans laquelle toutes les collectivités territoriales seraient représentées au conseil d’administration en fonction de leurs financements respectifs. La Métropole considère ce changement de statut comme une condition préalable à tout transfert éventuel. Pour le maire, cette évolution permettrait également plus de souplesse dans la gestion administrative de l’Opéra, en évitant notamment les tâches qui doivent actuellement passer par le président.
En France, il existe environ une centaine d’EPCC, parmi lesquels les opéras de Rouen, Lille, et Toulon, ainsi que la Cité internationale de la bande dessinée d’Angoulême, l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, ou encore la scène commune Carré-Colonnes à Saint-Médard-en-Jalles et Blanquefort, déjà transférée à la Métropole. Pierre Hurmic a souligné qu’il soutenait déjà ce projet lorsqu’il était dans l’opposition municipale, et qu’il avait de nouveau écrit à ce sujet en 2022 au président de la Métropole Alain Anziani, qui s’était déclaré favorable à l’idée.
Du point de vue financier, l’Opéra de Bordeaux bénéficie actuellement de subventions de l’ordre de 22,5 millions d’euros par an, dont 16,7 millions sont fournis par la seule Ville de Bordeaux. Le maire estime que cette situation est injuste, car les Bordelais représentent seulement 34 % du public, tandis que 27 % des spectateurs viennent de la Métropole en dehors de Bordeaux. La Chambre régionale des comptes a également souligné cette inégalité. La Ville de Bordeaux a déjà attribué une subvention exceptionnelle de 500 000 euros en 2022 pour faire face à l’augmentation du coût de l’énergie, et une autre de 400 000 euros est prévue cette année. Pierre Hurmic soutient également ce transfert en tant que premier vice-président de la Métropole, et il estime que l’Opéra travaille déjà avec des communes comme Mérignac, Talence ou Cenon sur des projets originaux, tels que des concerts pour les bébés, des spectacles scolaires, des ateliers avec restitution publique, qui constituent un premier pas vers la métropolisation.
Cependant, il reste plusieurs obstacles juridiques à surmonter. La Métropole n’a pas de compétence culturelle spécifique, mais les compétences en matière de construction, d’aménagement, d’entretien et de fonctionnement des équipements culturels ont déjà suffi pour les transferts du musée de la Création franche à Bègles et du Carré-Colonnes. D’autres questions doivent être examinées, notamment les avis des autres tutelles et du personnel. Par ailleurs, l’Opéra a besoin de financements supplémentaires, car l’exercice 2022 s’est terminé avec un déficit de 855 000 euros, et l’année 2024 pourrait connaître la même situation. Bien que l’exercice 2023 devrait se terminer à l’équilibre, cela nécessite de grands efforts qui ont occasionné beaucoup de difficultés pour le personnel de l’Opéra. Il est donc urgent que la situation se stabilise. De plus, des travaux sont nécessaires pour rénover la cage de scène du Grand-Théâtre, remédier à son isolation thermique défaillante et réparer les fuites au niveau de la toiture. Ces travaux devraient durer deux ans, probablement entre 2027 et 2028. Reste la question du financement de ces travaux, qui coûteront au minimum 20 millions d’euros. Il faudra également trouver une solution pour déplacer les spectacles vers d’autres salles de la Métropole, comme le Pin Galant, le Rocher de Palmer ou le Carré des Jalles.
En conclusion, le transfert de l’Opéra de Bordeaux vers la Métropole est un sujet qui suscite de nombreuses discussions. Le maire Pierre Hurmic et le groupe Renouveau Bordeaux soutiennent cette idée, qui permettrait de résoudre certains problèmes financiers et administratifs tout en favorisant une meilleure collaboration entre l’Opéra et les communes de la Métropole. Cependant, il reste encore des défis juridiques et financiers à relever avant que cette proposition ne devienne réalité.