Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, sera fixé sur son sort dans quelques heures. Après le procès inédit, la Cour de justice de la République (CJR) rendra sa décision mercredi concernant le ministre, qui pourrait bien jouer sa place au gouvernement. Eric Dupond-Moretti restera en poste pendant le procès, mais il sera présent au palais de Justice de Paris pour entendre la décision à 15 heures.
La décision de la CJR a déjà été prise, bien qu’elle soit tenue secrète. Les juges se sont réunis à la fin du procès, le 16 novembre, pour délibérer. Avant de lire la décision en audience publique, les magistrats professionnels et les parlementaires de tous bords qui composent la cour se réuniront une dernière fois dans la matinée pour valider son rédaction.
L’accusation a requis un an de prison avec sursis, estimant qu’Eric Dupond-Moretti s’était rendu coupable de prise illégale d’intérêts en ouvrant des enquêtes administratives visant quatre magistrats qu’il avait critiqués lorsqu’il était avocat. Cette initiative a entraîné une plainte des syndicats de la magistrature. La défense du ministre a plaidé la relaxe, affirmant qu’il n’était coupable de rien. Cependant, ses avocats ont admis qu’une condamnation, même la plus basse ou la plus ridicule, entraînerait sa démission.
Malgré cette échéance importante pour son avenir politique, Eric Dupond-Moretti est serein. Il est satisfait d’avoir pu s’expliquer et d’avoir été défendu. Après ce procès sans précédent, le ministre a repris ses activités gouvernementales comme si de rien n’était. Son cabinet prépare son agenda pour la fin de la semaine, mais cela pourrait être annulé s’il était reconnu coupable.
L’Elysée n’a pas révélé ses intentions en cas de condamnation du ministre, qui est maintenu en poste malgré sa mise en examen et son renvoi en procès. Le porte-parole du gouvernement a souligné le droit à la présomption d’innocence d’Eric Dupond-Moretti, ainsi que celui d’Olivier Dussopt, le ministre du Travail actuellement jugé pour favoritisme.
La Première ministre avait précédemment déclaré qu’Eric Dupond-Moretti ne resterait pas au gouvernement en cas de condamnation, en se référant à la démission d’un autre ministre, Alain Griset, après sa condamnation en 2021.
Lors de sa dernière séance de questions au gouvernement avant la décision de la CJR, Eric Dupond-Moretti a répondu à une question d’une députée du Rassemblement national en lançant une violente charge contre le parti, l’accusant d’indécente démagogie et appelant à chasser de ses rangs les identitaires, nazillons, racistes et antisémites. Les députés du RN ont quitté l’hémicycle et Marine Le Pen a annoncé une plainte contre le ministre.
Au cours de son procès, Eric Dupond-Moretti est resté fidèle à lui-même. Il n’a rien laissé passer et a fait subir aux témoins à charge un fond sonore de grommellements, de soupirs exaspérés et d’exclamations indignées. Il a maintenu qu’il avait laissé derrière lui ses vieux différends avec les magistrats, et qu’il avait pour seul objectif de réussir son ministère, se fichant du reste.