Les taxis se sont mobilisés dans plusieurs villes de France ce lundi 11 décembre 2023, entraînant de gros bouchons, pour protester contre une réforme du transport sanitaire.

Si vous avez pris la route ce matin, vous l’avez peut-être constaté : de grosses difficultés de circulation ont été constatées aux abords des grandes villes de France lundi 11 décembre 2023. En cause : une mobilisation nationale des chauffeurs de taxis à l’appel de l’Union nationale des taxis pour protester contre un article du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, récemment adopté à l’Assemblée nationale au moyen d’un énième 49.3, qui tend à systématiser le transport partagé des patients.

Le trafic était très perturbé sur les principaux axes routiers parisiens, rapporte actu Paris. Depuis tôt dans la matinée, les taxis franciliens manifestent et ralentissent la circulation sur l’autoroute A13, en direction de Paris, entre Orgeval (Yvelines) et la Porte d’Auteuil, dans le 16e arrondissement. Mais également sur l’A86, sens extérieur, entre Gennevilliers et Nanterre (Hauts-de-Seine), et La Courneuve et Nanterre, ou sur l’A4, en direction de Paris, entre Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) et Porte de Bercy (12e). C’est aussi le cas sur l’A1, entre Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et la Porte de la Chapelle (18e), où trois voies sur quatre sont neutralisées.

A l’origine de la colère des chauffeurs des taxis, l’article 30 du dernier projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Ce dernier prévoit de systématiser le transport partagé des patients à partir de 2024. Si un patient, dont l’état de santé le permet, refuse de partager un taxi conventionné ou un véhicule d’une entreprise de transport sanitaire avec d’autres patients, le remboursement de ses frais de transports sera diminué. Pour le gouvernement, l’objectif principal est de maîtriser les dépenses de l’Assurance maladie (l’an dernier, les transports partagés auraient permis d’économiser 34 millions d’euros) et de réduire l’empreinte écologique de ces déplacements. Les chauffeurs de taxis, eux, craignent une diminution de leurs revenus ainsi qu’une baisse de la qualité de leurs relations avec la clientèle.

Les syndicats de taxi l’assurent : leur mobilisation le jour de la visite du chef de l’Etat à Toulouse n’est qu’une simple coïncidence. Il n’empêche, la circulation était d’autant plus perturbée ce lundi autour de la Ville rose, avec notamment une opération de filtrage à l’aéroport. Le porte-parole de l’Union nationale des taxis de Haute-Garonne estime « qu’entre 300 et 350 voitures » s’y sont réunies, avant de partir en cortège en direction du centre-ville. « Là où il fallait trois taxis, il n’en faudra plus qu’un à l’avenir, pour faire faire des économies à la Sécurité sociale… En clair, nos taxis vont être transformés en bétaillère », déclare Stéphane Abeilhou, porte-parole de l’UNT 31.

Des bouchons gigantesques, c’est ce qui attendaient aussi les automobilistes marseillais. Au nord comme à l’est de la cité phocéenne, il était difficile ce matin de tenter d’entrer dans la ville. Près de 200 taxis venus de toute la région, selon les chiffres de leur syndicat, réalisaient des opérations escargot. L’objectif des manifestants était de rejoindre la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) de la cité phocéenne et la préfecture des Bouches-du-Rhône.

A Caen, les chauffeurs de taxi s’étaient donnés rendez-vous à la gare à 8h, pour longer le cours Montalivet avant de rejoindre la CPAM. Après d’importants ralentissements le long du cours Montalivet, les bouchons se sont déplacés sur le périphérique de la capitale politique de la Normandie, entre Colombelles et Mondeville. Près de 6,0 km de bouchons étaient comptabilisés à 10h45.

Plus au Nord, la circulation ressemblait aussi à un casse-tête à Lille, avec opérations escargot et barrages filtrants dans la ville mais aussi les grands axes y menant. Les secteurs des gares Lille Europe et Lille Flandres étaient particulièrement touchés avec deux barrages filtrants. Les taxis devaient ensuite se diriger vers la mairie de Lille puis la préfecture du Nord, où une délégation espérait être reçue.

La mobilisation était aussi annoncée à Bordeaux ce lundi matin, avec des barrages filtrants organisés de 7 heures à 12 heures au niveau de la gare Saint-Jean, de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac ou encore au siège de la CPAM de la Gironde. La présidente du Syndicat autonome des artisans taxis de la Gironde (SAAT 33), Fatima Faida, dénonce vivement cette systématisation du covoiturage dans le transport sanitaire voulue par le gouvernement, évoquant « une forme d’ubérisation sanitaire », dont les répercussions pourraient être « dramatiques pour la profession ». Elle estime que cet article de loi implique « la fin du libre choix du patient » en matière de transport.

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