À Bordeaux, la Bourse du travail se retrouve régulièrement sous l’eau. Cette fois encore, il a fallu se faufiler entre les gouttes et les seaux posés au sol. Le dernier sinistre en date est survenu après le passage des tempêtes de fin octobre et début novembre. L’accumulation d’eau au-dessus de l’atrium a emporté avec elle des morceaux de stuc qui, au fil du temps et de l’usure, ont créé des bouchons dans les évacuations d’eau. Des infiltrations d’eau sont apparues. La note est salée : 200 000 euros de réfection de toutes les descentes d’eau pour le propriétaire, la Ville de Bordeaux.

En attendant, les murs se sont gorgés d’eau. Dans le hall d’accueil du bâtiment Art déco classé monument historique en 1998, une partie du plafond s’est effondrée. Des barrières, des chaises et des cordons de sécurité empêchent d’accéder au côté endommagé. Certains escaliers permettant de rejoindre la salle de spectacles Ambroise-Croizat, dont les murs et les plafonds s’effritent aussi, ont été condamnés. Pas simple pour les membres de la CGT, occupants historiques des locaux, qui y ont établi leur siège. « Quand il pleut, il pleut sur le toit et dans le hall », résume Stéphane Obé, secrétaire de l’union départementale CGT 33.

C’est pour préserver ce patrimoine qu’ils occupent depuis toujours que cinq anciens secrétaires généraux CGT viennent de créer le collectif de sauvegarde de la Bourse du travail à Bordeaux. « Au-delà des intentions, nous attendons que de vrais travaux soient engagés, explique Stéphane Obé. Il faut que le sujet de la Bourse du travail soit pris à la hauteur de ce qu’il représente. »

En fait, un enchaînement de mauvaises surprises a conduit à la dégradation des bâtiments. « Entre 2002 et 2020, près de 7 millions d’euros ont été investis par l’État, la Région et le Département pour rénover les façades », rappelle Delphine Jamet, adjointe à Bordeaux en charge de l’administration générale. « Il restait l’intérieur à rénover et l’équipe municipale y tenait, puisqu’elle avait inscrit 700 000 euros de budget au PPI pour la réfection de la salle Ambroise-Croizat que nous souhaitions rouvrir au public. En 2021, les résultats des diagnostics ont révélé une présence importante d’amiante. Bilan de l’opération : les 700 000 euros seront finalement alloués à l’opération de désamiantage. »

Un chantier délicat qui s’étendra sur 2024 et 2025 et qui, certes ne nécessitera pas le déménagement de la CGT, mais imposera la pose d’échafaudages durant 385 jours. « C’est un bâtiment qui le mérite, et on ne souhaite pas qu’il tombe en ruines, assure l’élue. Même si l’on sait que sa réfection complète coûtera des millions. »

Les mauvaises surprises ne s’arrêtent pas là. « Nous avons également découvert qu’il faudrait refaire l’atrium, en raison de la fragilité des joints et de la chape, sait aussi Delphine Jamet. En même temps, on se rend compte qu’on ne pourra pas le refaire à l’identique en raison des problèmes rencontrés avec les descentes de pluie. Nous devons relancer des études avec la Drac (Direction régionale des affaires culturelles, NDLR). En attendant, un auvent sera déployé au-dessus, comme solution palliative… »

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