La mort d’un animal de compagnie, que ce soit un chat ou un chien, est une étape extrêmement difficile pour ses propriétaires, qu’ils soient adultes ou enfants. Mais pourquoi cette perte est-elle si douloureuse ? Et comment peut-on surmonter cette épreuve difficile ?
Nos animaux de compagnie nous accompagnent souvent pendant de nombreuses années, parfois même plus de 20 ans. Ils font partie intégrante de notre famille. Malheureusement, ils ne sont pas éternels, et lorsque vient le moment de leur dire adieu, notre cœur se brise.
Si certains peuvent considérer leur animal de compagnie comme « juste un animal », pour d’autres, leur perte est une véritable tragédie. Ils ressentent une profonde tristesse et font face à un véritable deuil. Pour ces personnes, la mort de leur animal de compagnie représente bien plus qu’une simple perte, elle est associée à l’angoisse de l’abandon.
Par exemple, Annie, propriétaire d’un chien nommé Elmer, témoigne de la douleur qu’elle a ressentie après la disparation de son compagnon : « Elmer a été mon premier chien. Je l’ai récupéré alors qu’il n’était même pas sevré ! Je l’emmenais partout avec moi, même au travail. C’était un bâtard, sans pedigree, mais il avait une bonne tête. Il est resté un chiot toute sa vie : il aimait jouer, courir, sauter, creuser… » Annie explique que la mort d’Elmer a laissé un vide immense dans sa vie, et qu’elle a dû faire son deuil pendant plus de trois ans avant de reprendre un nouvel animal.
Le deuil d’un animal de compagnie est un processus complexe et difficile à gérer émotionnellement. Hélène Romano, psychologue et psychothérapeute spécialisée dans les traumatismes, explique que l’on peut parler de deuil animal lorsque les liens avec l’animal étaient très forts. La souffrance liée à la perte de l’animal est d’autant plus importante lorsque ces liens étaient étroits. Cette souffrance est particulièrement présente chez les enfants qui ont grandi avec l’animal, ainsi que chez les personnes âgées, pour qui l’animal était parfois leur seul compagnon.
La mort de l’animal de compagnie nous confronte à notre propre mortalité, et renvoie à l’angoisse de la perte et de l’abandon. Cette réalité nous rappelle que nous sommes tous mortels.
Malheureusement, la douleur que l’on ressent lors de la perte de son animal de compagnie est souvent incomprise par notre entourage. Hélène Romano explique que cela peut choquer certains que l’on puisse ressentir une telle douleur après la perte d’un animal, comparé à la perte d’un être humain.
Martial, par exemple, raconte l’incompréhension qu’il a rencontrée après le décès de son chat Tisou : « On aurait pu se fâcher, vous savez ! Dans la voix de Martial, on entend encore de la colère et du ressentiment. Ce père de famille de Blois (Loir-et-Cher) n’a toujours pas digéré qu’une partie de son entourage le « recadre » après la mort de Tisou, son chat. « En gros, on m’a dit que c’était triste mais qu’il ne fallait pas en faire tout un plat ! J’étais dévasté. Y a pas d’autre mot. Et on me disait qu’il y avait plus grave. Pour dire ça, ils pouvaient se taire ! ». Martial exprime ici sa douleur et son désarroi face à l’incompréhension de son entourage.
La prise de décision de faire euthanasier son animal de compagnie ajoute une autre dimension à la douleur. Isabelle témoigne de son expérience difficile : « C’était il y a quatre ans mais je me souviens de chaque minute. Marty se traînait, il était essoufflé, chaque effort lui coûtait. Et un matin, il n’a pas pu se lever de son panier. J’ai su. J’ai su qu’on était au bout. Appeler le vétérinaire, le porter dans la voiture, j’ai tellement pleuré. Je lui parlais, je lui disais que je l’aimais, qu’il avait été le meilleur chien de la terre… Sur la table du vétérinaire, Isabelle lui a demandé pardon. « Je savais qu’il ne fallait pas qu’il souffre mais quand il a fermé les yeux, je me suis sentie tellement coupable. J’y ai repensé pendant des jours et des nuits. Et puis le temps a fait son œuvre. Mais je ne souhaite ça à personne ».
L’euthanasie d’un animal de compagnie renvoie à notre propre rapport à la mort. La culpabilité que l’on peut ressentir est un mécanisme de défense qui permet de lutter contre notre sentiment d’impuissance et de ne pas avoir pu sauver notre animal. Pour Hélène Romano, cette culpabilité permet de dire que nous ne sommes pas des « non humains », mais que nous avons agi dans l’intérêt de notre animal, pour abréger ses souffrances et lui offrir une fin de vie plus douce.
Lorsqu’un animal de compagnie décède, il est important de prendre en compte l’impact sur les enfants de la famille. Louise témoigne de la difficulté qu’elle a eue à annoncer la mort de leur chien à son fils de 4 ans : « Je ne lui ai pas menti. J’ai fait le choix de lui dire que Norris était mort, parti au paradis des bons chiens. Mais c’est tellement abstrait pour un enfant de 4 ans ! Régulièrement, mon fils me demande si on va aller le rechercher, si je vais venir le récupérer à l’école avec Norris… J’aimerais tellement ! ».
Il est recommandé d’expliquer la mort de l’animal aux enfants en utilisant des mots simples et en adaptant le discours en fonction de leur âge. Hélène Romano explique qu’avant l’âge de 8-9 ans, la mort n’est pas forcément comprise comme irréversible pour un enfant. Il est donc important de lui expliquer avec des mots simples, tout en reconnaissant sa tristesse et en l’accompagnant dans le processus de deuil.
Après la perte d’un animal de compagnie, certains propriétaires choisissent d’en adopter un nouveau rapidement, tandis que d’autres préfèrent prendre leur temps pour faire leur deuil avant d’accueillir un nouvel animal. Il n’y a pas de « bonne » façon de faire, chaque personne est différente et a sa propre sensibilité. Les vétérinaires recommandent simplement de respecter le délai nécessaire pour accepter la perte de son animal et d’être prêt émotionnellement à accueillir un nouveau compagnon.
Faire le deuil de son animal de compagnie est un processus qui demande du temps et de la compréhension. Il est important de reconnaître et de respecter la douleur que l’on ressent, ainsi que celle des autres, même si elle peut sembler incompréhensible pour certains. C’est une épreuve douloureuse, mais c’est aussi une occasion d’exprimer notre amour et notre gratitude envers nos animaux de compagnie qui ont été nos fidèles compagnons pendant tant d’années.