Écologie à Bordeaux : quelles sont les propositions « transgressives » de la Convention citoyenne ? Lancé en octobre 2023 pour plancher sur « l’urgence climatique », un groupe de cent habitants tirés au sort vient de rendre un rapport aux élus de la mairie. En voici les plus surprenantes ou audacieuses.
« Soyez transgressifs », avait demandé le maire Pierre Hurmic aux membres de la Convention citoyenne sur l’urgence climatique. Les membres, tirés au sort, de cette instance inédite de la démocratie participative à la sauce bordelaise, l’ont pris au mot en allant parfois plus loin que le programme écologique du maire et les mesures municipales environnementales mises en place depuis le début du mandat, en juin 2020. Réunie à l’hôtel de ville vendredi 9 février, cette convention, en place depuis octobre 2023, a remis aux élus de la majorité municipale un document étayé de 72 pages. En espérant que leurs propositions, y compris les plus audacieuses, ne restent pas lettre morte.
Dès l’entame du document, la convention n’hésite pas à afficher une posture politique assumée en revendiquant parmi ses valeurs « une société qui n’est plus guidée par la croissance économique et la finance mais par le respect du vivant et de l’environnement ». Ainsi est-il demandé à la Ville de Bordeaux « de mesurer les effets potentiels sur l’urgence climatique de tous ses projets. » Et d’orienter ses commandes publiques vers l’économie sociale et solidaire.
L’idée est aussi de libérer du temps pour que les citoyens s’engagent dans l’écologie. L’expérimentation du revenu universel sur tout le territoire bordelais et la mise en place de la semaine de quatre jours dans les services de la Ville est demandée. En outre, les marchés publics devraient cibler les entreprises éthiques et les projets associatifs écolo-sociaux financés pour une durée de cinq ans.
« En tant que citoyennes et citoyens, nous préférons une ville vivable et végétale que classée et invivable », dit le document. En ce sens, la Convention citoyenne ne manque pas d’idées originales : tendre des câbles entre deux toits pour faire courir la végétation ; privilégier d’autres couleurs que le noir pour le bitume ; remplacer les tuiles sombres par des revêtements plus clairs, mettre des végétaux, des panneaux solaires. Et végétaliser tout ce qui n’est pas nécessaire à la voirie. La suppression des panneaux publicitaires encourageant la surconsommation est aussi proposée… pour être remplacés par des messages de nature écologique.
La question de l’énergie est au cœur de la lutte contre le dérèglement climatique. L’idée d’une rocade solaire (recouverte de panneaux photovoltaïques) est reprise par la Convention qui souhaite aussi y diminuer la vitesse à 70 km/h. Pour l’habitat collectif, elle veut appliquer l’individualisation des frais de chauffage. À la Ville, elle demande l’abandon de l’usage du gaz fossile et la mise en place d’un stationnement payant pour tous les véhicules motorisés.
La diminution du temps d’attente des piétons et vélos aux feux tricolores par rapport aux voitures est prônée. De même que « systématiser le stationnement en épis inversé le long des boulevards, afin de réduire le risque de collision avec les cyclistes ». La fin du développement de l’aéroport de Mérignac est exigée. Parmi tant d’autres propositions, la Convention demande que soient « imposés des tarifs différentiels de stationnement et péage au port en fonction de l’empreinte carbone du bateau » qui accoste à Bordeaux.
Sans surprise, la promotion des circuits courts est une des préoccupations majeures de la Convention. Idée originale : ses membres veulent « développer des nouvelles surfaces maraîchères sur des toitures », « instaurer pour chaque repas une alternative végétale » dans la restauration scolaire. Concernant les déchets, elle soumet l’idée d’une « tarification incitative en fonction du poids des ordures produites ». Entre autres.
Enfin, pour s’assurer de peser sur les décisions des élus bordelais, les membres de la Convention citoyenne « demandent à la Ville de Bordeaux de permettre à la Convention citoyenne de poursuivre son travail ».