En France, le démantèlement d’un réseau de fabrication d’armes 3D souligne la croissance préoccupante de ce phénomène, indiquent les autorités. Selon la gendarmerie, le marché semble se diriger vers une ubérisation.

Des armes réellement dangereuses, pas des jouets, ont été saisies après la récente opération de démantèlement menée en Belgique et en France contre un important réseau de production. Cette intervention, qui a eu lieu fin janvier 2024, a été le fruit d’une année d’enquête réalisée par la division cyber de la gendarmerie nationale. Au total, quatorze individus ont été appréhendés, huit imprimantes ont été récupérées et sept armes 3D ont été confisquées.

Cette tendance vers la production amateur d’armes est-elle susceptible de se généraliser ? Pour apporter des premiers éclaircissements sur cette question, le colonel Hervé Pétry, responsable de l’unité nationale cyber, souligne que cette problématique est actuellement source d’inquiétude. « Avant, les menaces venaient de l’extérieur, désormais, elles sont endogènes », déclare-t-il. Cependant, il tempère la notion de « démocratisation », soulignant que le processus n’est pas à la portée de tout le monde, étant donné que les acheteurs ont notamment été dirigés vers des canaux privés comme le dark web et Telegram.

L’éventualité de confrontations armées impliquant exclusivement des « armes 3D » dans un avenir proche en France est considérée comme une perspective inquiétante par le colonel qui note que le pays semble doucement s’engager dans cette voie. Avant cette affaire récente, une seule « arme 3D » avait été découverte lors d’un incident de tentative d’homicide à Marseille en 2022. Le colonel Pétry souligne également qu’il s’agit d’un phénomène en augmentation, bien que des reproductions d’armes de ce type aient été identifiées de manière sporadique auparavant.

Le commerce de ces armes par le biais de la plateforme de vente en ligne Vinted à des prix allant de 1 000 à 1 500 euros met en lumière une évolution chez les criminels qui s’occupent de cette activité. Suite à une analyse balistique effectuée par la gendarmerie, il est établi que ces fusils 3D atteignent une fiabilité de 95 % par rapport aux armes traditionnelles, seul le bout des modèles imprimés étant en métal. Un aspect surprenant pour les enquêteurs a été le profil idéologique des individus à la tête de cette organisation, qui appartiennent à un mouvement anti-système prônant la destruction de toute forme d’État.

La vente de répliques, telles que la « Fuck Gun Control » (FCG-9) de calibre 9 mm, aux collectionneurs et aux trafiquants de drogue pour des valeurs élevées met en lumière un marché s’orientant vers une forme d’ubérisation de la vente d’armes, note le Colonel Pétry. La technique d’impression 3D repose sur la création de pièces par accumulation de matière couche par couche, principalement utilisée dans l’industrie aéronautique, automobile et ferroviaire pour la conception de prototypes.

Pour contrer ce phénomène, le colonel explicite que le ministère de l’Intérieur a établi un commandement spécifique dédié au cyberespace, avec une branche dirigée par la gendarmerie, l’Unité nationale cyber (UNCyber), impliquant 165 agents à Paris et dans des antennes locales. Malgré l’envergure du problème, les moyens mis en place sont considérables selon le Colonel Pétry, qui souligne que la gendarmerie prend sérieusement en charge cette question, comme en témoigne le succès initial du démantèlement du réseau.

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