Danylo Ignatenko, les conditions d’un retour en force

Dernier joueur de l’effectif avec Gregersen et Elis à avoir connu la descente en L2, le milieu ukrainien rayonne depuis début novembre, après une année marquée par la rétrogradation et l’impact de la guerre dans son pays. Deux interceptions et sept ballons récupérés en moyenne par match (meilleur Bordelais, 8e de L2), 66 % de duels gagnés (3e Bordelais), neuf tacles réussis (meilleur Bordelais), 84 % de passes précises (dont 76 % des passes longues, 2e Bordelais), aucun avertissement récolté : depuis début novembre et cinq journées, le milieu des Girondins Danylo Ignatenko est une satisfaction malgré une équipe en difficulté.

Aligné comme sentinelle devant la défense, il a trouvé une régularité inédite depuis son arrivée à Bordeaux en janvier 2022. « Je ne pense pas que ce soit ma meilleure période : lorsque l’équipe était en L1 (de janvier à mai 2021), je me suis bien montré aussi. Mais je pense que je monte en puissance. Je vais encore progresser », répondait l’Ukrainien ce lundi à « Sud Ouest ». Il devrait enchaîner une 6e titularisation consécutive en championnat, ce mardi à Dunkerque (20 h 45). Une première depuis un an.

Arrivé aux Girondins sans avoir percé avec le Shakhtar Donetsk mais après avoir évolué dans un club européen (Ferencvaros en Hongrie), l’international ukrainien (6 sélections), convaincant lors de ses premières apparitions dans l’élite (11 pour 3 passes décisives notamment) au sein d’une équipe en difficulté, est passé de la Ligue Europa à la Ligue 2. Il dit avoir dû digérer sportivement la rétrogradation.

« Il est plus facile de jouer en L1 qu’en L2. Les joueurs autour sont plus forts. En L2, beaucoup de jeunes sont arrivés. Il a fallu que je m’adapte au style de la L2. En L1, vous avez plus de temps pour jouer. En L2, il y a plus de pressing, c’est un football de force. Il faut faire beaucoup plus d’efforts », note le joueur de 26 ans qui a connu un premier exercice dans l’antichambre irrégulier, notamment dans l’utilisation du ballon. Si les objectifs collectifs évoqués lors de son arrivée sont loin, il n’en garde pas moins cette détermination qui lui avait valu de dire en février dernier que les Girondins avaient la meilleure équipe de Ligue 2. Avant le final raté. « Nous n’avons pas bien réussi jusqu’ici cette saison. Mais je peux vous assurer qu’on donne le meilleur de nous-mêmes », affirme-t-il.

Aligné en sentinelle devant la défense, Ignatenko avait été prépondérant dans la solidité de la fin du mois d’août (Concarneau 1-0, Ajaccio 0-0, Amiens 2-0). L’Ukrainien avait ensuite été victime de son match raté face à Auxerre le 2 septembre (2-4) et a été parfois érigé en symbole des difficultés dans l’utilisation du ballon. Relancé au même poste par Albert Riera après la claque à Bastia (3-1), il a apporté aussitôt son impact tout en apparaissant plus à l’aise dans l’animation. Il apporte notamment sa qualité de jeu long dans les renversements.

« On m’a parfois mis en numéro 8 où je devais être plus offensif, mais c’est dans cette position de 6 où j’ai le plus de repères. J’ai deux autres milieux devant moi, je me sens confortable car je peux faire des passes, je peux être dans la défense. Quand on joue haut, on me demande d’accompagner en étant derrière les attaquants pour récupérer. Quand on est plus bas, on me demande de faire équipe avec les défenseurs », explique-t-il.

Le 30 janvier 2022, Danylo Ignatenko signait à Bordeaux. Vingt-cinq jours plus tard, la Russie débutait son invasion de l’Ukraine. Il n’est plus rentré dans son pays depuis : il ne pourrait plus en sortir, susceptible dans ce cas de prendre les armes, ce qui lui avait traversé l’esprit au printemps 2022. La guerre, qui a touché de plein fouet sa région natale de Zaporijia et Marioupol, où il a joué pendant huit mois en 2019-2020, alimente son quotidien malgré la distance. Dès mars 2022, avec l’aide du club, sa fiancée et la famille de celle-ci ont pu le rejoindre à Bordeaux ; sa mère est en Italie. En février dernier, le joueur avait glissé avoir son père au front à Bakhmout. Grièvement blessé, ce dernier a pu être depuis évacué en Allemagne et opéré. Il y est en convalescence.

Plus apaisé, le joueur est décrit en interne comme plus ouvert cette saison. Il reste très impliqué dans plusieurs opérations humanitaires et de soutien à l’armée. À Bordeaux, il est investi auprès de l’association Ukraine Amitiés. Lui et plusieurs de ses coéquipiers ont ainsi effectué un entraînement avec des enfants réfugiés en Gironde. Des petits-déjeuners ont été organisés au Haillan, des billets offerts dans la tribune solidaire. Se sentant bien à Bordeaux, il lui reste à franchir la barrière de la langue, malgré une meilleure compréhension du français.

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