La préfecture de la Gironde se trouve actuellement au cœur d’un débat concernant une proposition d’arrêté visant à élargir la période de chasse du blaireau. Cette initiative propose d’instaurer une période de chasse complémentaire entre le 1er juin et le 14 septembre, juste avant le début officiel de la saison de chasse. Cette pratique, connue sous le nom de vénerie sous terre, consiste à traquer les blaireaux acculés dans leur terrier et est pratiquée par une vingtaine d’équipages dans le département. Avec une population estimée à environ 20 000 individus, le blaireau est la cible principale de cette forme de chasse en Gironde.

Une consultation publique a été lancée par la préfecture pour recueillir l’avis des parties concernées, et elle sera ouverte jusqu’au 26 avril. Le projet d’arrêté vise à étendre la période de chasse du blaireau, habituellement fixée du 15 septembre au 15 janvier, pour la faire passer du 15 mai au 14 septembre. Les chasseurs soutiennent cette proposition en arguant que cette extension de la période de chasse contribuerait à limiter les dommages causés par les blaireaux aux cultures, aux infrastructures et réduirait les risques d’accidents routiers. De plus, ils soulignent que la lutte contre la propagation de la tuberculose bovine, maladie transmissible par le blaireau, est un enjeu important, ayant conduit à l’augmentation du nombre de communes interdites à la vénerie sous terre en raison de la maladie.

Les chiffres montrent qu’au cours de la saison 2021-2022, 105 blaireaux ont été prélevés lors de la chasse en Gironde, alors que la période complémentaire n’était pas en place. Cette période ajoutée a permis de prélever 180 blaireaux lors de la saison suivante, dont 148 ont été capturés spécifiquement pendant cette phase. Les chasseurs affirment que les conditions climatiques rendent le sol plus propice à cette pratique durant la période complémentaire qu’en automne ou en hiver.

Parallèlement à la chasse régulière et complémentaire, la préfecture a le pouvoir d’organiser des battues administratives de destruction en dehors de la période de chasse officielle, en cas de risque pour les installations publiques ou les activités agricoles. Ainsi, 43 blaireaux ont été prélevés lors de telles opérations au cours des deux dernières saisons, dans des lieux tels que Preignac, où l’animal menaçait la stabilité des digues, ou près de l’hippodrome de La Teste et des voies ferrées.

Cependant, malgré les arguments des chasseurs en faveur de l’extension de la période de chasse et de la pratique de la vénerie sous terre, des associations de protection de la nature expriment leur désaccord. L’association Aves France, par exemple, met en avant plusieurs points contredisant les opinions des chasseurs, notamment l’absence de preuves suffisantes des dégâts causés par les blaireaux, les abattages illégaux de jeunes blaireaux et le manque de recours à des méthodes alternatives à l’abattage.

Les défenseurs de la nature considèrent la vénerie sous terre comme une pratique barbare et cruelle, une accusation rejetée par les chasseurs qui soulignent les règles strictes encadrant cette pratique. Ils insistent sur le fait que seuls des outils spécifiques sont autorisés pour la capture et l’abattage des animaux, excluant tout autre moyen tel que les gaz ou les pièges.

La question de l’élargissement de la période de chasse du blaireau en Gironde reste donc un sujet de débat entre les partisans de la chasse pour des raisons de régulation des populations et de prévention des dommages, et les défenseurs de la nature appelant à des alternatives plus respectueuses de l’environnement.

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