Jérémy Cukierman, directeur de la Wine school à Kedge Bordeaux et l’un des rares masters of wine français, a récemment publié un nouvel ouvrage intitulé « l’Odyssée du vin » aux Éditions Dunod. Cet ouvrage nous emmène dans un voyage fascinant à travers le monde des propriétés viticoles, célèbres ou moins connues. Alors que le Bordelais traverse une crise multifactorielle, cet expert nous partage son point de vue sur la situation actuelle.

Dans son livre, Jérémy Cukierman met en lumière la résilience de la vigne. Il souligne que cette plante pousse dans des conditions géoclimatiques ou géologiques incroyables, qui influencent ensuite les caractéristiques et les émotions que nous retrouvons dans notre verre de vin. Selon lui, il était important de rendre hommage à cette vigne qui a traversé de nombreuses crises au cours des 8 000 dernières années. Le vin, reflétant l’évolution de nos sociétés, s’est adapté aux différentes époques de l’histoire de l’humanité.

En tant que directeur de la Wine school à Kedge Bordeaux, Jérémy Cukierman a remarqué un changement d’attitude chez ses étudiants vis-à-vis du vin. Ils sont de plus en plus informés et sensibles aux problématiques environnementales. Leur choix de vin est désormais guidé par des critères tels que l’identification au terroir, le retour à la nature et les bonnes pratiques viticoles. La Wine school a même mis en place des modules sur la responsabilité sociale des entreprises et le changement climatique dès la deuxième promotion.

Le monde viticole à Bordeaux est confronté aux conséquences du changement climatique, avec des événements météorologiques de plus en plus fréquents. Selon Jérémy Cukierman, la prise de conscience de cette problématique est réelle, même s’il peut encore y avoir quelques personnes dans le déni. Il constate également une augmentation des initiatives vertueuses dans le vignoble. Cependant, la fragmentation de l’industrie viticole pose problème, rendant les échanges et la communication entre les viticulteurs plus difficiles.

Jérémy Cukierman exprime également son agacement quant aux demandes d’irrigation dans le domaine viticole. Pour lui, c’est une hérésie absolue qui va à l’encontre du bon sens et des besoins techniques. Dans son livre, il cite l’exemple de Lanzarote, où l’on produit du vin avec seulement 150 millimètres d’eau par an, soit l’équivalent du Sahara.

L’avenir du vin, selon Jérémy Cukierman, repose sur la qualité plutôt que sur la quantité. Il encourage les consommateurs à choisir des vins responsables et durables, en acceptant de payer un prix juste pour soutenir les producteurs. Pour sortir de la crise de consommation à laquelle ils font face, les vins de Bordeaux doivent se réinventer. Jérémy Cukierman suggère de réguler les appellations, en réduisant leur taille pour leur permettre de retrouver de la valeur. Il met également en avant la diversité extraordinaire des vins bordelais et la nécessité de mettre en avant le terroir dans leur discours.

Jérémy Cukierman soulève un autre point important : le storytelling. Selon lui, il faut changer la façon dont on parle du vin de Bordeaux en mettant l’accent sur le terroir. Plutôt que d’organiser des primeurs qui attisent la curiosité des consommateurs, il suggère de mettre en avant les particularités de chaque parcelle. Pour lui, le discours sur le terroir est presque aussi important que la qualité du vin pour les consommateurs éclairés.

Jérémy Cukierman est l’un des rares masters of wine français, avec seulement huit détenteurs de ce titre en France et environ 400 dans le monde. Son expérience et son expertise font de lui une voix respectée dans l’industrie du vin.

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